Déplacement forcé

Ce recueil s'intéresse aux cas des enfants et des jeunes qui ont migré pour des raisons économiques, seuls ou avec leur famille (migrants), qui sont déplacés de force (déplacés internes), qui sont dans des situations à risque à cause de leur absence de nationalité (apatride), ou encore qui sont rentrés dans leur pays d’origine après un déplacement forcé dans un autre pays (rapatriés).

Les enfants et les jeunes migrants et déplacés de force peuvent être confrontés à des obstacles spécifiques dans l'accès à l'éducation, liés à leur migration et à leur statut juridique, ainsi qu'à leur droit à l'inclusion socio-économique et au soutien de celle-ci. Une définition complète sur le déplacement forcé est disponible dans le Glossaire de l’ESU.  

À la fin de l’année 2023, 117.3 millions de personnes dans le monde ont été déplacées de force en conséquence de la persécution, de conflits, de violence, de violations des droits humains et d’autres événements qui perturbent sérieusement l’ordre public. Cela équivaut à plus d'une personne sur 29 dans le monde, soit près du double de la proportion d'une personne sur 125 qui a été déplacée de force il y a dix ans (UNHCR).

Migrant

Il n'existe pas de définition universellement acceptée du terme migrant, et ce terme n'est pas défini par le droit international.

Traditionnellement, le mot migrant (ou, plus précisément, migrant international) est utilisé pour désigner les personnes qui choisissent de franchir des frontières internationales, non pas en raison d'une menace directe de persécution, de préjudice grave ou de mort, mais exclusivement pour d'autres raisons, telles que l'amélioration de leurs conditions de vie par la recherche d'un emploi ou d'une formation, ou le regroupement familial. Les migrants dans ce sens - contrairement aux réfugiés - continuent en principe à bénéficier de la protection de leur propre gouvernement, même lorsqu'ils et elles sont à l'étranger. S'ils et elles reviennent, ils et elles continueront à bénéficier de cette protection.

Néanmoins, le mot migrant est utilisé par certains acteurs comme un terme générique pour désigner toute personne qui se déplace à l'intérieur d'un pays ou à travers une frontière, de manière temporaire ou permanente, et pour diverses raisons. En ce sens, le terme couvre des catégories légalement définies comme les travailleurs migrants et les migrants en situation irrégulière, ainsi que d'autres personnes dont le statut ou le mode de déplacement n'est pas spécifiquement défini par le droit international, comme les étudiants internationaux.

Selon les estimations actuelles, il y aura environ 281 millions de personnes migrantes au niveau international dans le monde en 2020, ce qui équivaut à 3,6 % de la population mondiale.

Personne déplacée à l'intérieur de son propre pays (IDP)

Une personne qui a été forcée de quitter sa région d'origine pour trouver un endroit sûr, dans son pays d'origine plutôt que de franchir une frontière internationale, est appelée une personne déplacée à l'intérieur de son propre pays (IDP). Les IDP fuient souvent pour des raisons similaires à celles des réfugiés, telles que les conflits armés, les catastrophes naturelles, la violence généralisée ou les violations des droits de l'homme. Cependant, ils restent légalement sous la protection de leur propre gouvernement, même si ce gouvernement est peut-être à l'origine de leur fuite. En tant que citoyens, ils conservent leurs droits, notamment en matière de protection, en vertu du droit des droits de l'homme et du droit international humanitaire.

À la fin de l'année 2023, on comptait entre 68,3 millions de personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays. Ces dernières représentent 58 % de la population déplacée de force dans le monde.

Personne apatride

Une personne apatride est "une personne qui n'est considérée comme un ressortissant par aucun État en vertu de sa législation". En termes simples, cela signifie qu'une personne apatride n'a la nationalité d'aucun pays. Certaines personnes naissent apatrides, mais d'autres le deviennent.

Au total, le HCR fait état de 4,4 millions de personnes apatrides. Environ 1,3 million de personnes apatrides dans le monde sont également déplacées. La plupart d’entre elles et eux sont des Rohingyas, soit déplacés à l'intérieur du Myanmar, soit réfugiés, principalement dans les pays voisins. (Ces 1,3 million de personnes ne sont comptabilisées comme déplacées de force que dans le calcul de la population totale que le HCR protège et/ou assiste, afin d'éviter un double comptage).

Rapatrié / Personne revenue

Une personne rapatriée est une personne qui était prise en charge par le HCR lorsqu'il-elle se trouvait en dehors de son pays d'origine et qui le restait pendant une période limitée (généralement deux ans), puis retournait dans son pays d'origine. Ce terme s'applique également aux personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays qui retournent dans leur ancien lieu de résidence.

6,2 millions de personnes déplacées sont retournées dans leur région ou pays d'origine en 2023, dont 5,1 millions de personnes déplacées à l'intérieur de leur pays et 1,1 million de personnes réfugiées (HCR).

Les obstacles à l’éducation auxquels les réfugiés et les demandeurs d’asile font face, sont abordés dans une collection distincte dédiée particulièrement aux déplacements forcés au-delà des frontières.


La migration et le déplacement interagissent avec l’éducation et ce selon de nombreuses façons. Le manque d’accès à une éducation inclusive et équitable et la qualité de l’éducation affectent ceux qui partent, ceux qui restent, ceux qui rentrent, mais aussi ceux qui accueillent des migrants, des réfugiés ou d'autres personnes déplacées.

La migration interne intervient principalement dans les pays à revenus modérés en voie d'urbanisation rapide, telle que la Chine, où plus d’un enfant sur trois en milieu rural est abandonné par des parents migrants. La migration internationale touche plutôt les pays à revenus élevés, dans la moitié des écoles, au moins 15 % de la population étudiante est issue de l'immigration (Rapport GEM, 2019).

Les déplacements touchent les pays à faibles revenus et qui abritent 10 % de la population mondiale, mais aussi 20 % de la population mondiale réfugiée, il s’agit pour la plupart de zones défavorisées en matière d’éducation. Plus de la moitié de la population déplacée de force a moins de 18 ans (Rapport GEM, 2019).

Les enseignants sont face à des classes multilingues, les barrières linguistiques sont les principaux obstacles pour permettre à ces enfants et ces jeunes d’accéder à l’enseignement et de réussir. Les étudiants migrants et déplacés rencontrent aux aussi d’autres obstacles majeurs, tels que des traumatismes qui affectent leur formation universitaire ou encore la lutte pour la reconnaissance de leurs qualifications et de leurs acquis (Rapport GEM, 2019 ). De plus, les enfants et jeunes de ces groupes sont souvent victimes de discrimination que ce soit par rapport à leur appartenance ethnique, leur religion ou tout simplement parce qu'ils sont déplacés, migrants ou réfugiés.

L'éducation a aussi une incidence sur la migration et le déplacement. L’éducation est souvent le facteur majeur dans la prise de décision de migrer. D’un point de vue national, ceux qui ont suivi un cycle universitaire sont deux fois plus susceptibles de migrer que ceux qui n’ont suivi que le cycle primaire ; d'un point de vue international, ils sont cinq fois plus susceptibles. L’éducation n’a pas seulement une incidence sur le comportement ou les aspirations et croyances des migrants, mais aussi auprès de ceux qui les accueillent. Des salles de classes riches de diversités apportent à la fois des défis et des opportunités pour apprendre de la culture et de l’expérience d’autrui. Un contenu pédagogique adapté va apporter aux élèves une approche plus critique sur le traitement de l’information et la promotion de la cohésion sociale ; au contraire si le contenu pédagogique n’est pas adapté, il y aura des points de vue négatifs, partiels, exclusifs et méprisants quant aux notions d’immigrant et de réfugié (Rapport GEM, 2019).

Malgré les différences en ce qui concerne le statut juridique pour tous ces groupes (migrants, déplacés internes, apatrides et rapatriés) et les diverses raisons qui les mènent à quitter leur pays d’origine, les barrières à l’éducation sont souvent identiques. De plus, le suivi de l’accès à l’éducation pour ces groupes est un obstacle en soi, étant donné la difficulté à regrouper les données dissolues par les statuts de migration et de déplacement.

20 juin 2024 Report United Nations High Commissioner for Refugees (UNHCR)

Global Trends: Forced Displacement 2023

UNHCR's Global Trends report presents key statistical trends and the latest official statistics on refugees, asylum-seekers, internally displaced and stateless people worldwide. At the end of 2023, 117.3 million people worldwide were forcibly displaced as a result of persecution, conflict, violence, human rights violations and events seriously disturbing public order.

20 novembre 2018 Rapport Rapport mondial de suivi sur l’éducation de l'UNESCO (UNESCO-GEM)

Rapport mondial de suivi sur l'éducation 2019: Migration, déplacement et éducation: bâtir des ponts, pas des murs

Le rapport GEM 2019, Construire des ponts, pas des murs, poursuit ses évaluations des progrès accomplis dans la réalisation de l'objectif de développement durable 4 (ODD 4) sur l'éducation et de ses dix objectifs, ainsi que d'autres objectifs connexes liés à l'éducation dans l'agenda des ODD.

25 janvier 2024 Advocacy Brief United Nations High Commissioner for Refugees (UNHCR), United Nations Office for Disaster Risk Reduction (UNDRR)

Disability, displacement and disaster resilience: ensuring the rights of persons with disabilities in situations of forced displacement and statelessness

This brief includes a set of recommendations aimed at enhancing the protection and resilience of displaced and stateless persons in disaster situations. These recommendations are derived from both the desk review and the insights shared by survey respondents.

1 mai 2016 Déclaration de plaidoyer
Institu international pour la plannification de l'éducation de l'UNESCO (UNESCO-IIEP), Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR)
GEM Reports

Plus d’excuses : il faut assurer l’éducation de toutes les personnes déplacées de force

Il appelle les États et leurs partenaires humanitaires et de développement à prendre d’urgence les mesures nécessaires pour inclure les enfants et adolescents déplacés à l’intérieur de leur propre pays, demandeurs d’asile ou réfugiés dans les plans d’éducation nationaux et pour collecter des données de meilleure qualité afin de suivre l’évolution de leur situation.

1 juillet 2019 Report
United Nations Children's Fund (UNICEF)
Internal Displacement Monitoring Centre (IDMC)

Equitable Access to Quality Education for Internally Displaced Children

This report aims to highlight the challenges that internally displaced children face in the effort to access quality education, and offers recommendations for how education can adapt to meet their needs through supporting national education systems, while improving social cohesion.