Publication du JEiE Volume 9, Numéro 1 !

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Recherche et preuves
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Vol9 No1 cover

Ce numéro du Journal on Education in Emergencies (JEiE) présente des questions peu étudiées et des voix sous-représentées dans des contextes de conflit et de crise. Les auteurs et autrices présentent des recherches et des travaux de terrain sur l'éducation dans les situations d'urgence qui tiennent compte du contexte et y répondent dans une grande variété de contextes, notamment au Kenya, au Malawi, au Rwanda, au Nigeria, au Liban, en Irak, en Géorgie, au Pakistan, en Indonésie, au Myanmar, au Bangladesh et en Colombie.

Le JEiE Volume 9, Numéro 1 apporte des preuves supplémentaires sur les facteurs qui influencent le fait que les étudiants reprennent leurs études ou les abandonnent définitivement lorsque des chocs perturbent leur scolarité ; sur la manière dont l'enseignement de rattrapage peut aider les étudiants non scolarisés à reprendre leurs études ; sur la manière dont un cadrage autour de l’espoir, du concept de soi, de la résilience et la vulnérabilité qui soit pertinent au niveau local peut influencer les aspirations des élèves et la capacité d’agir du personnel enseignant dans le discours mondial de l’ESU ; et sur l’efficacité des interventions d'apprentissage social et émotionnel qui répondent aux réalités des étudiants en fonction de leur âge et de leur sexe.

Ce numéro comprend cinq articles de recherches, cinq notes de terrain et quatre critiques littéraires. Notre section sur les notes de terrains comprend une sous-section spéciale sur l’éducation pendant les pandémies. Les auteurs et autrices des quatre articles de cette sous-section partagent des leçons apprises sur la conception et la mise en œuvre d’une éducation communautaire et à distance pendant les crises de santé publique, ainsi que des informations sur les facteurs qui renforcent la résilience des systèmes éducatifs lorsque les effets de la COVID-19 passent de chocs aigus à des facteurs de stress systémiques. Dans ces articles, les auteurs et autrices soulignent la valeur des programmes scolaires sensible à la culture, la flexibilité dans l’éducation supérieure, les modèles scolaires alternatifs pour les étudiants plus difficiles à atteindre et celles et ceux qui vivent dans l’extrême pauvreté, ainsi que les bénéfices que la formation du personnel enseignant et les visites à domicile en personne ont pour la continuité de l'éducation pendant les fermetures d'écoles liées à la pandémie.

En tant que journal d'accès libre diamant, JEiE Volume 9, numéro 1, ainsi que les numéros précédents et tous les articles, peuvent être téléchargés gratuitement sur le site web de l’INEE.. 

Ce numéro est disponible en anglais ; les titres et résumés de chaque article sont disponibles ci-dessous et sont disponibles en português, français, español, and العربيه.

Pour plus d’informations sur le JEiE, consultez inee.org/journal.

Journal on Education in Emergencies
Volume 9, Numéro 1

TABLES DES MATIĒRES et RÉSUMÉ 

NOTE DE LA RÉDACTION
Nathan Thompson, Samantha Colón, et Dana Burde

Dans cette préface du JEiE Volume 9, Numéro 1, Nathan Thompson, Samantha Colón et Dana Burde soulignent les contributions des auteurs et des autrices participant à ce numéro sur la recherche et la pratique en matière d'éducation en situations d'urgence. Dans la section des articles de recherches, les auteurs et autrices appliquent des méthodologies rigoureuses à des questions pratiques dans le domaine de l'ESU sur la remédiation scolaire et les interventions d'apprentissage social et émotionnel, sur les facteurs qui contribuent à la fois à l'abandon scolaire et à la reprise des études, et sur la voix des enseignants et enseignantes dans l'orientation humanitaire après une catastrophe. Dans notre section sur les notes de terrains, nous présentons de nouvelles idées sur l'opérationnalisation de la recherche participative avec les jeunes réfugiés, ainsi que quatre nouvelles réflexions sur les réponses programmatiques et politiques au COVID-19, qui constituent la sous-section spéciale de ce numéro sur l'éducation en période de pandémie. Enfin, les quatre critiques littéraires proposées dans ce numéro abordent la consolidation de la paix sous différents angles, notamment la citoyenneté, l'appartenance, la participation aux mouvements sociaux et la représentation dans le matériel éducatif, en particulier les manuels scolaires.

 

ARTICLES DE RECHERCHES ESU

Impact des clubs de rattrapage au Myanmar touché par le conflit : un model de remédiation mené par la communauté
Silvia Mila Arlini, Nora Charif Chefchaouni, Jessica Chia, Mya Gordon, et Nishtha Shrestha

Le Myanmar est confronté à une crise d'apprentissage prolongée dans les régions du pays où la pandémie de COVID-19 a été aggravée par un coup d'État en février 2021, qui a prolongé la fermeture des écoles. Save the Children a créé les Clubs de rattrapage (CuCs - acronyme en anglais de Catch-up Club), une intervention qui soutient la remédiation des enfants et s'attaque aux obstacles à leur retour à l'école à la suite de la pandémie de COVID-19. Les CuCs sont un modèle innovant qui offre une alphabétisation menée par la communauté et basée sur le jeu à des enfants qui sont regroupés en fonction de leurs capacités plutôt que de leur âge. Les CuCs évaluent l'alphabétisation fondamentale et l'apprentissage social et émotionnel (ASE) des enfants, tout en abordant les questions de protection de l'enfance et les obstacles économiques à l'éducation. Le modèle a été testé auprès de plus de 3 000 enfants des classes supérieures du primaire au cycle inférieur du secondaire, vivant dans 36 communautés des États de Rakhine et de Kayin, touchés par le conflit. Nous avons mené une évaluation d'impact expérimentale quasi-naturelle afin d'étudier la relation de cause à effet entre les CuCs et les résultats des enfants en matière d'alphabétisation et de compétences de l'apprentissage social et émotionnel. L'étude a été adaptée au contexte pour prendre en compte les enfants touchés par le conflit, le sexe, le statut socio-économique et l'appartenance ethnique. Les résultats montrent que les enfants qui ont participé aux CuCs avaient des niveaux d'alphabétisation et de compétences en ASE significativement plus élevés que les enfants qui n'y ont pas participé. Les enfants participants ont également fait preuve d'une plus grande confiance en eux et ont aspiré à rester à l'école ou à poursuivre leur scolarité à un niveau plus élevé.

Encore plus laissé pour compte après la fermeture des écoles due à la COVID-19 : données probantes d’enquêtes auprès des personnes réfugiées Rohingya et des communautés d’accueil au Bangladesh
Gudrun Østby, Haakon Gjerløw, Sabrina Karim, et Emily Dunlop

Les fermetures d'écoles dues à la pandémie de COVID-19 ont entraîné la plus grande perturbation de l'éducation de l'histoire, affectant près de 1,6 milliard d'apprenants dans le monde. Les réfugiés rohingyas au Bangladesh étaient déjà confrontés à une crise de l'éducation avant même la pandémie, car le gouvernement du Bangladesh interdit aux réfugiés rohingyas non enregistrés d'accéder aux écoles publiques du pays. Au lieu de ces écoles, le Fonds des Nations unies pour l’enfance et les organisations internationales non-gouvernementales fournissent une éducation non-formelle via des centres d’apprentissage dans les camps de personnes réfugiées rohingyas. S’appuyant sur cette crise de l’éducation préexistante, la pandémie au Bangladesh a provoqué une des fermetures des écoles les plus longues au monde. En utilisant des données d'enquêtes téléphoniques et en personne, nous explorons l'impact de la fermeture des écoles et des centres d'apprentissage pendant la COVID-19 sur les enfants des réfugiés et des communautés d'accueil à Cox's Bazar, au Bangladesh. Si nous avons peu de preuves que la pandémie a affecté l'éducation des réfugiés en général, nous identifions un effet particulièrement néfaste que la fermeture des services éducatifs a eu sur l'assiduité des adolescentes parmi les réfugiées rohingyas après la réouverture des centres d'apprentissage. Les effets hétérogènes sont importants car ils mettent en évidence la manière dont la pandémie a affecté différemment les différents groupes de personnes réfugiées.

Aborder l’adolescence : plaidoyer pour un apprentissage social et émotionnel sensible à l’âge et au genre pendant les situations d’urgence
Rena Deitz et Heddy Lahmann

Les expériences sexospécifiques uniques des adolescents pendant les conflits sont influencées par le contexte socioculturel plus large. Bien qu'il existe des interventions visant à favoriser l'apprentissage social et émotionnel (ASE) des jeunes dans les situations d'urgence, on ne sait pas grand-chose des effets de ces interventions sexospécifiques. Nous examinons systématiquement les études sur l'apprentissage social et émotionnel dans les contextes humanitaires afin de déterminer les tendances sexospécifiques des effets et des opportunités. Bien que les études existantes ne parviennent pas à ventiler les résultats par sexe, lorsqu'elles le font, il est constamment mis en évidence que les filles adolescentes en bénéficient davantage en termes de résultats sociaux que leurs pairs masculins, alors que les garçons, et plus particulièrement les adolescents plus âgés, ont fréquemment de meilleurs résultats en terme de bien-être que les filles adolescentes. Les études qui ventilent les résultats en fonction de l'âge et du sexe compliquent encore ces tendances et soulignent le défi que représente le soutien des résultats de l'ASE lorsque les adolescents plus âgés se dirigent vers l'âge adulte. Lorsque les programmes sont incompatibles avec les réalités des adolescents ou qu'ils ignorent les questions structurelles et les normes de genre, ils n'aboutissent pas à des résultats positifs. Les programmes qui tiennent compte du genre sont les plus prometteurs.

Espérer contre toute attente : comprendre les aspirations de la jeunesse réfugiée pour obtenir des bourses offertes à l’étranger 
Hassan Aden 

Pourquoi les jeunes réfugiés des camps de Dadaab au Kenya aspirent-ils et elles à obtenir des bourses de réinstallation pour l'enseignement supérieur alors que les chances de les obtenir sont minimes ? La littérature existante met en lumière les fortes aspirations des jeunes réfugiés en matière d'éducation. Cependant, nous ne comprenons pas très bien pourquoi ils et elles persistent à poursuivre des objectifs éducatifs élevés alors que les chances de les atteindre ne sont pas optimistes, en particulier dans le cadre des programmes d'éducation d'urgence. Cette étude contribue à notre compréhension de cette énigme, d'un point de vue théorique et empirique. Elle s'appuie sur des recherches ethnographiques, notamment des entretiens semi-structurés et des exercices de cartographie des aspirations futures avec des étudiants de première année, ainsi que des entretiens avec leurs enseignants. Je présente ensuite plusieurs explications interconnectées qui répondent à la question de recherche. Tout d'abord, les étudiants pensent que la réussite scolaire est un moyen pour eux de sortir des camps. Deuxièmement, ils et elles imaginent que l'obtention d'une bourse d'études à l'étranger résoudra leurs conditions économiques difficiles et leurs restrictions académiques. Troisièmement, ils et elles pensent qu'en travaillant dur pour réussir et en étant motivés par le rêve d'obtenir une éducation à l'étranger, leurs chances d'accéder à d'autres études supérieures augmenteront. Dans cette étude, je soutiens que la logique culturelle de l'espoir d'un avenir meilleur grâce à l'éducation soutient la motivation des jeunes à rechercher des bourses d'études à l'étranger, ce qui l'emporte sur les faibles chances de les obtenir.

Bangkit Semangat - Élever les esprits : la vulnérabilité, la résilience et la voix des enseignants dans l’Indonésie post-catastrophe
Christopher Henderson

Le récent document de discussion sur les enseignants présenté lors du Sommet des Nations unies sur la transformation de l'éducation met l'accent sur l'inclusion des enseignants dans le dialogue social aux niveaux mondial et local. Cependant, les dispositions structurelles requises ne sont pas encore en place pour que les voix des enseignants soient entendues ou que leurs points de vue soient pris en compte, en particulier dans les situations humanitaires. Ce n'est que maintenant que les acteurs humanitaires commencent à comprendre la manière dont les enseignants réagissent et travaillent dans des situations d'urgence complexes. Les acteurs humanitaires commencent également à se rendre compte que les perspectives des enseignants sont rarement prises en compte dans les documents d'orientation technique qui déterminent les conditions dans lesquelles ils et elles travaillent (Adelman 2019 ; Falk, Shephard, et Mendenhall 2022 ; Pherali, Abu Moghli, et Chase 2020). Basé sur une étude ethnographique avec des enseignants qui ont vécu le tremblement de terre de Yogyakarta en 2006 à Bantul, en Indonésie, cet article contribue à un corpus de littérature naissant sur le travail des enseignants, leur vulnérabilité et leur résilience, et l'importance de leurs voix pendant les situations d'urgence. Comme l'affirme Marchezini (2015, 370), "il est nécessaire de considérer les survivants non seulement comme des personnes affectées, mais aussi comme des sujets ayant leur propre culture et leurs propres stratégies d'adaptation". En m'inspirant des récits des enseignants et du concept récurrent de bangkit semangat (élever les esprits), je soutiens que l'absence des voix des enseignants dans les politiques et les orientations mondiales signifie que nous avons une compréhension inadéquate de la capacité d’agir des enseignants et que nous ne reconnaissons pas leur potentiel de réaliser, réimaginer et retravailler les recommandations mondiales au niveau local.

 

NOTES DE TERRAIN ESU

Les voix des jeunes réfugiés : réflexions sur une étude participative centrée sur la jeunesse 
Katrina Barnes, Rebecca Daltry, Amy Ashlee, Aime Parfait Emerusenge, Khalid Khan, Asma Rabi, Aimée Mukankusi, Julia Pacitto, David Hollow, et Bethany Sikes

L'implication des jeunes réfugiés dans le processus de recherche peut permettre de combler les lacunes actuelles de la recherche sur les réfugiés d'une manière rigoureuse, équitable et responsabilisante. (Clark 2004 ; Haile, Meloni et Rezaie 2020). Cette note de terrain est un compte-rendu des Voix des jeunes réfugiés, un projet de recherche au Pakistan et au Rwanda qui vise à construire une base de données probantes pour l’éducation postprimaire des réfugiés, tout en améliorant l'accès et la représentation des jeunes réfugiés dans ce domaine de recherche. L'objectif de cette note de terrain est de réfléchir de manière critique à l'approche participative adoptée par l'initiative, dans le cadre de laquelle les jeunes réfugiés travaillent en tant que chercheurs principaux qui conseillent, collectent des données et contribuent aux résultats. Dans cette note, nous soulignons les avantages de cette approche, mais nous la problématisons également afin de tirer des leçons précieuses sur la manière d'impliquer les jeunes réfugiés de manière significative dans le processus de recherche. Les auteurs et autrices concluent que la participation doit être abordée avec souplesse afin de faciliter différents niveaux de participation, en fonction des compétences ou du niveau de connaissances des jeunes réfugiés en question. Il est essentiel que la participation soit accompagnée d'une formation rigoureuse qui réponde aux contextes et aux niveaux d'expérience des participants, et qui aborde les questions éthiques telles que les préjugés fondés sur le positionnement.

 

Sous-section spéciale sur l’éducation pendant les pandémies

Réponse des systèmes éducatifs à la COVID-19 : réflexions sur les contributions de la recherche sur le programme d’éducation et de résilience d’USAID
Jennifer Flemming, Ritesh Shah, Nina Weisenhorn, Julie Chinnery, et Gwendolyn Heaner

Au cours de la pandémie de COVID-19, les systèmes éducatifs ont été confrontés à la complexité de la protection du bien-être des apprenants et des éducateurs, tout en veillant à ce que les apprenants continuent à s'engager dans l'apprentissage. Cela a conduit à un nombre croissant d'appels à renforcer la résilience du secteur de l'éducation face aux chocs et facteurs de stress futurs, en particulier pour les plus marginalisés, afin de maintenir l'élan vers la réalisation de l'objectif de développement durable n° 4. La résilience a été et continue d'être un point central pour l'Agence américaine pour le développement international (USAID), à la fois dans l'ensemble de l'agence et au sein de son portefeuille d'éducation. Dans ce document, nous nous penchons sur des études de cas menées dans cinq contextes - la Colombie, la Géorgie, le Liban, le Nigeria et la Zambie - pendant la pandémie de COVID-19 et nous les appliquons au cadre de résilience de l'USAID pour l'éducation. Nous identifions les pratiques et les structures utilisées dans chaque contexte qui ont été opérationnelles ou qui pourraient être renforcées pour absorber, adapter et finalement transformer ces systèmes éducatifs face à une pandémie et à d'autres types de facteurs de stress et de chocs.

L’impact de la COVID-19 sur l’apprentissage connecté : dévoiler le potentiel et les limites de l’éducation à distance dans le camp de réfugiés de Dadaab 
HaEun Kim, Mirco Stella, et Kassahun Hiticha

Au cours de la dernière décennie, l'Université de York, par le biais du projet Borderless Higher Education for Refugees (Éducation supérieur sans frontière pour les réfugiés), a fourni un enseignement supérieur in situ aux réfugiés et aux enseignants locaux à Dadaab, au Kenya, l'un des camps de réfugiés les plus grands et les plus anciens au monde. En 2020, la COVID-19 a aggravé l'insécurité et la marginalisation déjà présentes à Dadaab, ce qui a eu de profondes répercussions sur l'infrastructure éducative et a mis à l'épreuve la capacité de l'université à continuer d'offrir un enseignement équitable et de qualité. Dans cette note de terrain, nous explorons et capturons de manière réflexive les réponses innovantes aux défis complexes rencontrés lors de la pandémie de COVID-19, et dévoilons les limites et le potentiel de l'enseignement à distance à Dadaab.

Une réponse basée sur les capacités pour la conception et la mise en œuvre de l'enseignement à distance pour les enfants les plus marginalisés sur le plan éducatif pendant la pandémie de COVID-19
Kate Sykes

Le projet Transformational Empowerment for Adolescent Marginalised Girls in Malawi (TEAM - Autonomisation transformatrice pour les adolescentes marginalisées au Malawi) offre une éducation de base complémentaire aux adolescentes qui ont été laissées pour compte par le système éducatif classique. Ses élèves sont principalement des filles qui sont confrontées à des obstacles intersectionnels à l'apprentissage, notamment le handicap, le mariage des enfants, la maternité, la pauvreté et les normes sexospécifiques néfastes. L'enseignement à distance dispensé par le gouvernement du Malawi pendant la pandémie de COVID-19 reposait sur l'accès proactif des étudiants à des leçons créées au niveau central par le biais de technologies telles que la radio et l'Internet. Dans cette note de terrain, je soutiens qu'une telle approche ne répond pas aux besoins des enfants les plus marginalisés sur le plan éducatif, qui ont besoin d'un soutien global pour surmonter les obstacles découlant de leurs caractéristiques individuelles, des ressources disponibles et de l'environnement dans lequel elles vivent. J'oppose l'approche générale à la réponse de TEAM Girl Malawi, qui a utilisé un cadre de capacités qui a conduit à trois innovations clés. Tout d'abord, un mode d'enseignement sur papier a été complété par un soutien en personne de la part des enseignants. Deuxièmement, le contenu des leçons a donné la priorité à la résilience et aux compétences socio-émotionnelles en tant que fondement de l'apprentissage, et les enseignants ont adapté un programme de base aux besoins d'apprentissage de chaque élève. Troisièmement, le rôle des enseignants a été élargi pour inclure la protection de l'enfance et l'engagement communautaire. Je conclus cette note de terrain en identifiant les points d'apprentissage basés sur les expériences des étudiants et les résultats d'apprentissage, qui démontrent comment les futures réponses d'apprentissage à distance pendant une pandémie peuvent être inclusives pour toutes et tous les apprenants.

Préparer les enfants pour un monde imprévisible au milieu d’une situation de crise : l’approche de la Aldea
Ana María Restrepo-Sáenz et Emmanuel Neisa Chateauneuf

Personne n'était préparé à l'arrivée de la COVID-19. Alors que les systèmes éducatifs du monde entier se tournaient vers l'apprentissage à distance, des pays comme la Colombie étaient confrontés à un défi de taille : seuls 75 % du personnel enseignant colombien avaient reçu une formation sur l'enseignement en ligne, 64 % des directions d'école considéraient que la technologie disponible dans les écoles était insuffisante, et seuls 67 % des élèves de 15 ans avaient accès à l'internet (OCDE 2019). Et qu'en est-il des familles vivant dans des contextes à risque et confrontées à des pressions économiques et sanitaires supplémentaires ? Le moment était venu de développer La Aldea - une stratégie flexible, centrée sur l'apprenant, dont le contenu et les méthodes sont conçus pour répondre aux besoins de l'enfant au bout du proverbial “dernier kilomètre”. La Aldea est une stratégie créée par ClickArte, une organisation colombienne qui est spécialisée dans la conception et la mise en œuvre de projets pédagogiques. En utilisant leurs livres imprimés, émissions de radios, contenu digital, chansons et leurs jeux, la Aldea a été diffusée dans tout le pays via la stratégie d’éducation en situations d’urgence d’UNICEF. Elle a également fourni des sessions de formation à 4,220 enseignants et enseignantes. Elle a finalement touché 87,667 familles et enfants. Ce plan immédiat, complet, multimédia et multipartites a été adapté pour toucher toutes et tous les enfants des structures éducatives formelles et non-formelles de Colombie dans les communautés migrantes et celles affectées par le conflit. La stratégie pédagogique de La Aldea est composée d'histoires soigneusement élaborées dont les personnages principaux sont des animaux que l'on trouve en Colombie (comme les aras, les tapirs, les hiboux, les fourmiliers, entre autres). Les histoires et les activités que la Aldea a créées sont des métaphores de la société : les enfants, les familles et les enseignants peuvent s’identifier avec les situations représentées, et par conséquent reçoivent du matériel scolaire qui peut être intégré de façon ludique dans le programme d’enseignement, et en même temps encourager les compétences cognitives, citoyennes et socio-émotionnelles des enfants - et bien sûr de la sensibilisation sur la COVID-19. 
 

CRITIQUE LITTÉRAIRE

Citoyenneté sans signification : les réfugiés irakiens et l'État providence par Sally Wesley Bonet
Samaya Mansour

Dans sa critique de Citoyenneté sans signification : les réfugiés irakiens et l'État providence par Sally Wesley Bonet, Samaya Mansour transmet le tableau sombre que Bonet dépeint de la vie de quatre familles de réfugiés irakiens qui tentent de se réinstaller aux États-Unis. Samaya Mansour souligne l'affirmation de Bonet selon laquelle l'incapacité du programme de réinstallation américain à respecter ses idéaux libéraux d'acceptation et de multiculturalisme découle en partie des récits de déficit xénophobes, des inégalités structurelles et des politiques néolibérales qui ont vidé l'État de sa capacité (et de sa volonté) d'aider les réfugiés à s'installer aux États-Unis. Mansour suggère que les chercheurs et les praticiens de l'ESU apprécieront les idées du livre sur l'intersection de l'éducation des réfugiés, de la citoyenneté et de l'appartenance, et des politiques nationales de réinstallation.

Devenir rwandais : éducation, réconciliation et la formation d'une citoyenneté post-génocide par Garnett Russell
Orelia Jonathan

La critique de Devenir rwandais : éducation, réconciliation et la formation d'une citoyenneté post-génocide par Garnett Russell par Orelia Jonathan souligne l'enquête approfondie de Russell sur la tentative du gouvernement rwandais de consolider une identité nationale unifiée après le génocide de 1994, en partie par le biais de l'éducation. Russell note toutefois que les objectifs du gouvernement ont parfois eu des conséquences inattendues. Par exemple, les récits historiques unifiés ont renforcé les divisions entre les communautés ethniques du Rwanda et ont empêché les enseignants et enseignantes de faciliter le type de discussion ouverte et de réflexion critique sur l'histoire du pays qui pourrait favoriser la réconciliation. Jonathan conclut en rappelant aux lecteurs et lectrices que la relation complexe entre l'éducation et la consolidation de la paix exige des chercheurs et des praticiens de l'ESU qu'ils et elles envisagent une approche à multiples facettes pour négocier les priorités politiques.

Enseigner la paix et les conflits : les rôles multiples des manuels scolaires dans la construction de la paix édité par Catherine Vanner, Spogmai Akseer, et Thursica Kovinthan Levi
Myuri Komaragiri

Dans Enseigner la paix et les conflits : les rôles multiples des manuels scolaires dans la construction de la paix, Catherine Vanner, Spogmai Akseer et Thursica Kovinthan Levi présentent le cadre des rôles intersectionnels de l'éducation dans les conflits comme un outil permettant de comprendre l'éducation en tant que victime, complice ou transformatrice du conflit. Dans sa critique du volume édité, Myuri Komaragiri souligne la puissance analytique du cadre, affirmant qu'il suggère que l'éducation, telle qu'illustrée dans les manuels scolaires, peut occuper plusieurs rôles simultanément, peut osciller entre les rôles, et que les différents rôles ne sont pas toujours mutuellement exclusifs ou opposés. Komaragiri souligne le fait que le rôle de transformateur est souvent identifié comme une intention, mais qu'il n'a pas toujours été suffisamment mis en œuvre, pour faire valoir qu'il est crucial de donner la priorité et de permettre ce rôle de transformation si l'on veut que l'éducation joue un rôle dans la construction de la paix.

Les mouvements sociaux dirigés par les jeunes et la consolidation de la paix en Afrique, édité par Ibrahim Bangura
Deanna Pittman

Les auteurs et autrices qui ont contribué à l'ouvrage édité par Ibrahim Bangura, Les mouvements sociaux dirigés par les jeunes et la consolidation de la paix en Afrique, mettent en lumière les luttes menées par les jeunes pour obtenir des changements sociaux, économiques et politiques sur l'ensemble du continent, ainsi que la tendance des autorités étatiques à réprimer les mouvements de jeunesse, souvent de manière violente. Dans sa critique de l'ouvrage, Deanna Pittman étend l'analyse de Bangura sur la "gérontocratie" des États africains pour observer que les chercheuses féministes ont depuis longtemps noté les liens entre l'exclusion fondée sur l'âge et le sexe dans les processus politiques et le patriarcat. Pittman réitère l'appel à l'action de Bangura pour le domaine de l'ESU : donner une plateforme aux jeunes activistes et les inclure en tant que parties prenantes et participants essentiels dans la prise de décision en matière d'ESU. Elle conclut en remarquant que la prise de conscience et l'apprentissage se produisent dans et par les mouvements sociaux eux-mêmes.