Éducation en situation d’urgence : engagement et leadership du MENAPLN au Burkina Faso
Situé au cœur du Sahel, le Burkina Faso est fortement affecté par une série de crises multiformes. Depuis 2012, l’insécurité couplée à des violences alimentées par les vulnérabilités multiples se sont rapidement étendues du Mali aux autres pays du Sahel central, notamment au Burkina Faso et au Niger, entraînant une crise humanitaire sans précédent.
Dès mars 2020, la pandémie de Covid-19 a contribué à accentuer la vulnérabilité des communautés, entravant ainsi l’exercice des activités économiques et des systèmes éducatifs, du fait de la fermeture totale des écoles. Sans une réponse adaptée et un leadership fort des autorités nationales, les effets combinés de ces crises risquent de compromettre les progrès entrepris par les États pour atteindre des objectifs d’éducation de qualité pour tous.Une recherche de l’IIPE-UNESCO conduite dans le cadre d’un projet financé par l’Union européenne cible trois pays : le Burkina Faso, la Jordanie et le Kenya. Elle essaie de répondre à la question : « Quels sont les facteurs qui facilitent ou contraignent l’offre d’une éducation de qualité par les ministères de l’Éducation en période de crise ? »
Cette recherche donne des recommandations stratégiques dans le but de renforcer le leadership des ministères de l’Éducation et la collaboration avec les partenaires pour une éducation de qualité en situation de crise. Le leadership des ministères de l’Éducation est analysé, notamment l’exercice de leurs responsabilités de planification, de mise en œuvre, de suivi et évaluation et de coordination dans les quatre domaines clés de la gestion des crises en éducation que sont la politique éducative, les infrastructures, le matériel d’enseignement et d’apprentissage, la gestion des enseignants et des personnels de l’éducation.
Cette étude montre que, malgré une prise de conscience tardive de l’ampleur de la crise sécuritaire au Burkina Faso et un niveau de préparation relativement faible du ministère de l’Éducation nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales (MENAPLN) à la gestion des crises, celui-ci progresse à partir de 2019, passant de réponses ponctuelles à une approche plus structurée, globale et formalisée de planification de l’ESU. De plus, même si le rôle des acteurs locaux est resté limité dans la gestion des crises, la gestion de la riposte à la pandémie illustre la volonté du ministère de renforcer leur implication.L’étude révèle aussi le besoin de renforcer les capacités de coordination du Secrétariat technique en charge de l’ESU au sein du MENAPLN (ST-ESU), tant aux niveaux national que déconcentré.
La création de cette unité en charge du pilotage et de la coordination de l’ESU et l’existence d’un cadre partenarial solide ont constitué des conditions favorables à l’exercice du leadership du MENAPLN dans la gestion des crises.
Cependant, une dotation limitée en compétences et en moyens, associée à des résistances internes au changement font que le ST-ESU peine encore à exercer pleinement sa mission.
Concernant la gestion des infrastructures en situation de crise, l’étude indique que le MENAPLN a été confronté à des obstacles persistants quant à la mise en place de procédures adaptées et accélérées pour exécuter le programme de constructions scolaires au cours des premières années de la crise sécuritaire. Toutefois, des avancées récentes témoignent d’une volonté croissante du MENAPLN d’instaurer des modalités adaptées en matière de constructions scolaires pour être plus proactif et résilient aux aléas.