Le projet Éducation des filles pour un avenir meilleur (ÉDUFAM)

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D’une durée de 4 ans (2020-2024), le projet Éducation des filles pour un avenir meilleur dans la région des Grands Lacs (ÉDUFAM) vise l’autonomisation accrue des filles et des femmes par l’éducation, y compris celles qui sont réfugiées, déplacées, retournées et handicapées. L’atteinte de cet objectif passe par l’élimination des obstacles à l’éducation et l’amélioration de la qualité de l’enseignement pour faciliter l’inclusion des filles, quel que soit leur statut, concrétisant ainsi les engagements de la déclaration de Charlevoix. Le projet est mis en œuvre en consortium par la Fondation Paul Gérin-Lajoie (FPGL) et le Centre d’étude et de coopération internationale (CECI) grâce à un financement - d’Affaires mondiales Canada (AMC). 

Suivant une démarche holistique et féministe, ÉDUFAM met en œuvre des approches innovantes au niveau individuel, du ménage, de l’école et de la communauté pour toucher plus de 22 000 filles, adolescentes et femmes en République démocratique du Congo, au Rwanda, et au Burundi.

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Crédits photo: Fondation Paul Gérin-Lajoie, 2022.

Quelles sont les innovations du projet ÉDUFAM ?

Les trois principales approches innovantes mises en avant par ÉDUFAM sont 1) le système d’accompagnement individualisé, 2) les contrats sociaux, et 3) le modèle des centres d’excellence / écoles sensibles au genre. 

Le système d’accompagnement individualisé permet le suivi personnalisé de 3 300 filles et adolescentes particulièrement vulnérables par un réseau de 100 femmes relais communautaires formées en intervention féministe. Un recensement en amont du projet, au niveau individuel et des ménages, a permis d’identifier ces filles selon un index de vulnérabilité préalablement établi. Pour chacune des filles et adolescentes ciblées, un plan d’accompagnement individuel est élaboré avec elles, selon leurs situation, obstacles spécifiques et aspirations par rapport à leur parcours éducatif. Ce suivi régulier offert par les femmes relais communautaires permet à ces filles vulnérables d’être accompagnées de diverses façons, soit pour réintégrer ou intégrer l’école, notamment grâce à des initiatives de rattrapage scolaire, pour intégrer un programme de formation et d’insertion professionnelle pour les jeunes femmes (plus âgées) déscolarisées pour qui il n’est pas possible de réintégrer l’école, ou pour poursuivre la scolarisation pour les filles particulièrement à risque d’abandon scolaire, en les appuyant avec des bourses de scolarisation, des kits scolaires, ou encore des initiatives de mentorat. Les bourses de scolarisation visent notamment à encourager les filles à poursuivre leurs études dans les filières de sciences, mathématiques et technologie (SMT) du cycle supérieur du secondaire, et à s’assurer de leur réussite dans les années charnières ou d’examens gouvernementaux.  

À la fin de la deuxième année du projet, des résultats peuvent déjà être attribués à cette approche innovante :

  • Plus de 800 filles et adolescentes ont intégré ou réintégré l’école
  • 614 filles et adolescentes soutenues à travers des bourses de scolarisation pour persévérer au niveau secondaire 
  • 453 adolescentes et jeunes femmes déscolarisées soutenues dans des formations professionnelles prometteuses pour s’insérer sur le marché du travail
  • 1 751 élèves, dont 1 514 filles à risque d’abandon scolaire participent à des activités de soutien scolaire (mentorat) pour améliorer leur performance et réussite à l’école. 

Les contrats sociaux sont issus d’une approche existante de résolution de conflits, adaptée dans le cadre du projet ÉDUFAM pour accompagner les communautés à faire face aux enjeux et barrières qui entravent les droits des filles, adolescentes et femmes, notamment dans l’accès et le maintien à l’école. Il s’agit d’un processus participatif où toutes les parties prenantes d’une communauté sont impliquées, notamment les personnes d’influence (leaders politiques, religieux, etc.) et qui génère des documents écrits et traduits dans les langues locales présentant les engagements concrets pris par la communauté pour réduire voire éliminer les barrières sociales et structurelles à l’éducation des filles. Le but de ces contrats sociaux est ainsi de replacer la responsabilité des communautés au cœur des actions et d’encourager la redevabilité sociale en lien avec ces engagements pour que l’éducation des filles et le respect de leurs droits deviennent une priorité pour toute la communauté. L’application de chaque contrat social est garantie par un comité de suivi composé de 25 à 30 personnes, élues, formées et équipées pour mettre en œuvre un système d’alerte, de rapportage et d’application des engagements des contrats sociaux, dans les communautés hôtes et réfugiées. À ce jour, les résultats suivants peuvent être attribués à cette approche innovante : 

  • 97 % des filles et adolescentes ont constaté une amélioration de l’équité dans l’accès à l’éducation
  • 81 % des parents savent que les responsabilités familiales qui incombent aux filles et aux adolescentes nuisent à leur éducation et 87 % des parents savent que le mariage et les grossesses précoces sont des obstacles à leur parcours scolaire, comparativement à 41 % et 58 % au démarrage du projet.  

Les centres d’excellence / écoles sensibles au genre sont le fruit d’un modèle développé par le FAWE (Forum for African Women Educationalists), partenaire du projet ÉDUFAM, qui vise à transformer des écoles ordinaires en écoles sensibles au genre. Les écoles doivent offrir une éducation de qualité et prêter attention aux dimensions physique, académique et sociale de l’éducation des filles et des garçons, afin de favoriser une plus grande rétention et performance des filles et des adolescentes. Le projet ÉDUFAM s’inspire de cette approche auprès de 24 écoles ciblées au Rwanda, au Burundi, et en RDC.

Pour ce faire, ÉDUFAM accompagne les écoles dans la mise en place des huit critères établis par FAWE permettant de devenir une école sensible au genre : 

  1. L’offre de formation à la gestion scolaire et sensible au genre pour les directions d’école
  2. L’offre de formation à la pédagogie sensible au genre pour le personnel enseignant
  3. L’encouragement des filles à étudier dans les options de sciences, mathématiques et technologie
  4. L’offre de bourses de scolarisation pour les filles les plus vulnérables ou à risque d’abandon
  5. L’offre de formation sur l’autonomisation, notamment via les clubs de filles et de garçons dans les écoles
  6. La diffusion d’informations sur la santé sexuelle et reproductive
  7. La réhabilitation des infrastructures scolaires afin qu’elles soient sensibles au genre, notamment via la mise en place d’espaces sûrs pour les filles dans les écoles 
  8. L’implication des communautés dans la gestion de l’école, dont la représentation des femmes dans les structures de gestion scolaire. 

Les résultats suivants traduisent l’impact positif de cette approche innovante : 

  • 92 % des enseignants et enseignantes ont mis en œuvre des changements pour répondre aux besoins particuliers des filles et adolescentes
  • 73 % des filles et adolescentes se sentent maintenant en sécurité en tout temps à l’école, comparativement à 44% lors du démarrage du projet
  • 24 écoles réhabilitées et équipées pour répondre aux besoins des filles et adolescentes, notamment via la mise en place d’espaces sûrs pour les filles
  • 66 % du personnel administratif et enseignant des 24 écoles ciblées formés sur les pratiques éducatives participatives, inclusives et sensibles au genre. 

Globalement, la complémentarité de ces trois approches innovantes a amélioré l’autonomisation des filles, adolescentes et femmes de 15 % après deux ans de mise en œuvre du projet. ÉDUFAM nous permet d’envisager de résultats encore plus prometteurs d’ici la fin du projet en 2024 afin de contribuer à l’atteinte des engagements de la Déclaration de Charlevoix sur l’éducation de qualité pour les filles, les adolescentes et les femmes dans les pays en développement.