Éducation dans les situations d’urgence : le rôle clé de systèmes d’information sensibles aux crises

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UNESCO
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Agendas Internationaux - ODD, Education 2030, etc.
Secteurs humanitaires - éducation

Avec le soutien de Education Cannot Wait (ECW-L’éducation ne peut pas attendre), du NORCAP et de l’Agence suédoise de coopération internationale pour le développement (SIDA), l’UNESCO a publié six études de cas (disponibles en anglais) évaluant les systèmes institutionnels d’information sur l’éducation (SIGE – Système d’information pour la gestion de l’éducation) et les défis récurrents liés à la production et à l’utilisation des données servant à l’élaboration des stratégies et des programmes d’éducation dans les situations d’urgence (EIE/ESU).

Les études de cas conduites au Tchad, en Éthiopie, en Palestine, au Soudan du Sud, en République arabe syrienne et en Ouganda, apportent une contribution à l’agenda plus vaste sur les données qui a émergé du Sommet de données sur l'éducation en situation d'urgence 2019 et dans le cadre de l’engagement de l’UNESCO à appliquer le Pacte mondial sur les réfugiés adopté lors du tout premier Forum mondial sur les réfugiés en 2019.

Comme cela a été souligné lors du Sommet de données EIE 2019, l’un des principaux défis auxquels l’éducation est confrontée dans les contextes de crise est l’absence des données précises, fiables et actualisées nécessaires pour la mise en place d’interventions éducatives efficaces. Celles qui sont disponibles sont généralement fragmentées, leur collecte et leur utilisation tendant à refléter et à renforcer le manque d’alignement entre les programmes humanitaires et de développement. Il s’ensuit une identification déficiente des groupes vulnérables et de leurs besoins, un financement insuffisant et mal réparti, des interventions de politiques et de programmes inefficaces et des plans sectoriels de l’éducation peu robustes.

Ce que révèlent les études de cas

S’appuyant sur les efforts continus de l’UNESCO pour renforcer et alimenter les SIGE dans le but d’atteindre l’Objectif de développement durable 4 (ODD 4) et l’Agenda Éducation 2030, les études de cas fournissent des informations utiles sur le renforcement de la coordination des données EIE entre les principales institutions et leurs partenaires et sur les possibilités et les limites que présentent les données pour accroître la résilience des systèmes éducatifs.

À partir des méthodologies d’évaluation existantes des SIGE (c’est-à-dire le Cadre d’évaluation de la qualité des données (DQAF) tout en privilégiant le lien avec l’EIE, les études de cas décrivent les défis observés concernant l’environnement institutionnel, la production, la diffusion et l’utilisation des données. Riches en détails contextuels et en analyses, elles aboutissent chacune à des recommandations concrètes destinées à mieux soutenir les systèmes éducatifs nationaux dans la collecte, l’analyse et l’utilisation des données, pour lutter contre les obstacles systémiques à l’éducation des enfants et des jeunes en situation de crise.

Si l’UNESCO ne nie aucunement la valeur des différentes sources de données sur les crises pour répondre aux besoins spécifiques des différentes parties prenantes (c’est-à-dire les Évaluations rapides des besoins humanitaires, REMIS), il n’en demeure pas moins que les systèmes d’information institutionnels peuvent aussi constituer un point d’entrée utile pour renforcer le lien humanitaire-développement et pour promouvoir l’alignement, la collaboration et la planification à long terme.

Grâce aux capacités renforcées de collecte et d’utilisation de données de qualité sur les crises, les autorités nationales se trouvent en mesure d’assumer un rôle de leadership plus efficace dans la planification précoce de l’EIE et dans la promotion de la continuité entre la préparation aux situations d’urgence, la réponse et le relèvement.

Bien que les études de cas soulignent l’importance du contexte et fournissent des recommandations spécifiques de chaque pays, plusieurs points communs ont pu être observés et analysés dans le document de synthèse intitulé « Strengthening EMIS and data for increased resilience to crises ». Ces défis et recommandations communs constituent une solide base de référence pour les travaux visant à construire des systèmes institutionnels d’information sur l’éducation sensibles aux crises, et pour appuyer une prise de décision coordonnée fondée sur des données probantes dans les situations d’urgence et de crise prolongée.

Les principales recommandations sont les suivantes :

  • Renforcement et établissement de liens entre les cadres juridique, politique et institutionnel autour des SIGE, des données et de l’ESU.
  • Renforcement des capacités, l’accent étant mis sur la durabilité.
  • Maximisation de l’impact par une meilleure coordination.
  • Renforcement de l’interopérabilité et de l’intégration pour améliorer la qualité des données et faciliter leur utilisation à travers le lien humanitaire-développement.
  • Développement d’une culture des données ESU pour encourager la responsabilisation.

Et pour l’avenir ?

À partir des constatations et des suggestions ressortant des six études de cas, et avec le soutien d’ECW, de la SIDA et du NORCAP, l’UNESCO est en train de mettre en œuvre les recommandations dans trois (3) pays pilotes (Tchad, Éthiopie et Soudan du Sud).

La deuxième phase du projet – coordonnée par la Section chargée de l’éducation pour les migrations, le déplacement et les situations d’urgence (EME) hébergée par le Centre mondial de Genève sur l’éducation en situation d’urgence – apportera un soutien au niveau des pays, tout en favorisant une action régionale et mondiale pour promouvoir l’alignement des données recueillies et utilisées par les autorités éducatives et leurs partenaires.

Avec le soutien technique de l’Institut de statistique de l’UNESCO (ISU) et de l’Institut international de planification de l’éducation (IIPE) et en collaboration directe avec les ministères de l’Éducation et les partenaires humanitaires et de développement, l’UNESCO contribuera directement à :

  • Instaurer un environnement institutionnel propice à la formalisation des rôles, des responsabilités et des objectifs de la collecte de données ESU – y compris des protocoles de partage de données – qui prenne en compte les aspects liés à la protection, à la vie privée et à la sécurité
  • Renforcer/développer des outils et processus institutionnels de collecte de données sensibles aux crises, durables et harmonisés – en collaboration directe avec les partenaires humanitaires et de développement
  • Soutenir une utilisation stratégique des données en vue de la coordination de la planification et du suivi de l’ESU
  • Renforcer l’engagement stratégique, technique et financier aux niveaux mondial, régional et national, pour assurer l’harmonisation des données ESU et des systèmes institutionnels d’information sensibles aux crises

À partir de la documentation des bonnes pratiques et des enseignements dégagés du projet et d’autres initiatives pertinentes à travers le monde, l’UNESCO élaborera des outils de référence internationaux et des principes directeurs pour les interventions futures, pour lutter contre les défis systémiques découlant des données, dans les contextes touchés par les catastrophes, les conflits et les crises prolongées.