Mali : investir dans l’égalité des genres, c’est investir dans l’avenir

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UNESCO- IIEP
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Droit à l'éducation
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Au Mali, dans un contexte de pauvreté et d’insécurité, l’éducation représente pour chaque enfant l’accès à un avenir meilleur. L’égalité des chances pour tous est ainsi une priorité nationale. « Les femmes contribuent grandement au développement de la société. Elles s’investissent davantage dans l’éducation et la santé des enfants, explique Issiaka M’bo Coulibaly, chef de la section Planification et Statistiques scolaires à l’académie d’Enseignement de Dioïla. Quand une femme réussit, ce n’est pas seulement bénéfique pour son foyer: ça l’est pour la société et pour le pays tout entier ». 

Pour créer un environnement favorable à la scolarisation des filles, il est nécessaire de sensibiliser la communauté et de la convaincre de s’engager. Issiaka M’bo Coulibaly est conscient du fait que si l’émancipation et l’égalité des sexes passent par l’éducation, les discriminations et les préjugés sont encore très présents en milieu scolaire : « Que ce soit au niveau des personnels, et notamment des personnels enseignants, des administrations (intendance) ou des directions, tous doivent tenir compte de ces inégalités afin de pouvoir y faire face. » 

Issiaka M’bo Coulibaly a aussi une raison personnelle de s’engager dans la lutte pour l’égalité des genres. Son épouse entame sa troisième année de licence en informatique. « Elle est l’une des meilleures élèves de sa division, ce que ses pairs masculins voient d’un mauvais oeil. Ceux-ci acceptent difficilement qu’une femme réussisse aussi bien dans un domaine réputé réservé aux hommes. »

Ces dernières années, l’accès à l’éducation s’est amélioré au Mali. Néanmoins, les garçons affichent toujours un taux d’alphabétisation plus élevé que celui des filles. Par exemple, en 2018, 37 % de filles étaient inscrites  l’école secondaire pour 44 % de garçons. Cela a pour conséquences que seulement un tiers des femmes est capable de déchiffrer une phrase simple, contre 80 % des hommes.  


 "L’égalité de genre est importante à mes yeux, car c’est le moyen pour un enfant, fille ou garçon, de sortir de la pauvreté. Donner à tous les enfants la possibilité d’aller à l’école, c’est leur ouvrir une porte sur un avenir meilleur. Empêcher un enfant de s’instruire n’a pas de sens", dit Issiaka M’bo Coulibaly.

Les normes sociales et les coutumes locales, comme les mariages précoces, peuvent être à l’origine des inégalités homme-femme, notamment dans le cercle de Dioïla. Au Mali, plus de la moitié des jeunes filles sont mariées à 18 ans. 

Issiaka M’bo Coulibaly est régulièrement confronté à cette réalité dans l’exercice de ses fonctions. Certaines jeunes filles le sollicitent pour lui demander de l’aide afin de pouvoir poursuivre leurs études et passer leurs examens, alors que leurs parents veulent les marier à tout prix. Pour ce faire, il travaille en étroite collaboration avec le point focal pour la scolarisation des filles de la division Éducation de base – localement appelé SCOFI (abréviation de SCOlarisation des FIlles) – de l’Académie d’enseignement de Dioïla. 

Ensemble, ils relèvent les indicateurs clés pour évaluer la situation des filles et définir les interventions prioritaires de la SCOFI dans le district de Dioïla Un recensement a notamment permis de répertorier les enfants non scolarisés dans l’espoir de les atteindre et de les inscrire à l’école.  Quand ce type d’intervention est intégré dans le plan d’action du district de Dioïla, il est communiqué au niveau central    et peut alors bénéficier d’allocations budgétaires nationales.  

Pour Issiaka M’bo Coulibaly, ceci est primordial dans la lutte pour l’égalité des sexes. Le fait qu’il existe une politique nationale dans ce sens signifie qu’il y a une prise de conscience des inégalités actuelles. Pour ce chef de la Planification et des Statistiques scolaires, c’est un premier pas contre les inégalités et la discrimination. 

Issiaka M’bo Coulibaly a pu parfaire ses connaissances en participant à la première Université de l’IIPE-UNESCO Dakar sur la planification de l’éducation sensible au genre. Il estime avoir ainsi les compétences pour développer une approche globale de la planification. Dans son rapport annuel, il mettra l’accent sur le processus de lutte contre l’inégalité entre les sexes au sein de l’école. Il ne s’agira pas uniquement de mettre en évidence les disparités en matière de scolarisation, mais également dans la progression dans les études, tant au sein des communautés urbaines que rurales. « Cette formation m’a permis de prendre conscience des domaines où les inégalités persistent, et des conséquences qui en résultent », conclut-il.